
Louis Sciara
Psychanalyste, Psychiatre, membre de l’Association Lacanienne Internationale (ALI), de la Fédération des Centres Médico-Psycho-Pédagogiques et de STOP DSM, ancien médecin directeur du CMPP de Villeneuve-Saint-Georges
Auteur d’ouvrages chez érès : Banlieues, Pointe avancée de la clinique contemporaine (2011, Prix Œdipe des libraires 2012) ; Retour sur la fonction paternelle (2016) ; Entendre la parole des enfants et des adolescents, Une pratique clinique en centre médico-psycho-pédagogique (2023) ; Troubles du neurodéveloppement ? (2024) (ouvrage collectif sous sa direction avec Sandrine Calmettes, Anna Konrad et Christian Rey).
Conférence du jeudi 26 juin - 16h00 / 18h00
Un éclairage clinique de la complexité des difficultés d’apprentissage
Mon intervention sera centrée par ma réflexion de praticien psychanalyste et psychiatre. Elle se déploiera selon trois axes de questionnement qui s’entrecroisent et se nouent :
Rendre compte du contexte socio-politique actuel parce qu’il exerce des effets de force sur les façons de penser le soin (à entendre au sens large du terme), le pédagogique, le social et les pratiques qui en découlent, notamment pour les enfants, les adolescents et les parents
Préciser comment sont définies les difficultés d’apprentissage, ce qu’elles recouvrent, la tendance hégémonique actuelle à les intégrer et à les traiter dans la catégorie dite « des troubles neurodéveloppementaux ». Souligner la triple importance de l’intrication permanente des facteurs biologique, psychique et social, du caractère fondamental de la parole et du langage et du caractère indissociable du corps et du psychisme.
Mettre en lumière à l’appui de cas cliniques la valeur symptomatique singulière de ces difficultés, le caractère indispensable du travail thérapeutique d’une équipe transdisciplinaire en institution de soins et la nécessité d’un travail de partenariat avec des professionnels de diverses institutions de l’école, du social, de l’éducatif et de la justice. Faire quelques remarques sur l’inclusion scolaire. Quelle collaboration possible entre l’école et les institutions de soins ?
Enfin, j’évoquerai la place des neurosciences dans les orientations de soin actuelles, l’accélération de leur hégémonie dans le domaine des difficultés d’apprentissage et les conséquences qui en découlent pour les pratiques thérapeutiques. Je soutiendrai l’importance du travail au cas par cas, à maintenir absolument contre toute systématisation et protocolisation standardisée. Je rappellerai que les difficultés scolaires ont été prises en charge depuis des décennies par la psychanalyse, la pédopsychiatrie, le médical, la psychopédagogie et les approches sociales dans des institutions publiques et privées. Il s’agit de renforcer et de pérenniser cette pluralité d’approches dans un moment culturel critique qui veut en faire table rase par le biais de choix politiques qui tendent à uniformiser, à discréditer et à effacer leurs apports.